larron

larron

larron [ larɔ̃ ] n. m.
XIe; ladron Xe; lat. latro, onis « voleur »
1Vx Brigand. Allus. bibl. Les deux larrons; le bon, le mauvais larron : les voleurs crucifiés en même temps que le Christ.
2Vieilli Voleur. Loc. Ils s'entendent comme larrons en foire, à merveille. PROV. L'occasion fait le larron. Allus. littér. (La Fontaine) Le troisième larron : la personne qui profite du conflit des deux autres.

larron nom masculin (latin latronem, accusatif de latro, -onis, voleur) Vieux. Brigand, voleur. ● larron (citations) nom masculin (latin latronem, accusatif de latro, -onis, voleur) Johann Gottfried Seume Poserna, près de Weissenfels, 1763-Teplitz 1810 Là où l'on chante, on ne détrousse personne : Les larrons n'ont pas de chansons. Wo man singt, wird kein Mensch beraubt : Bösewichter haben keine Lieder. Poésieslarron (difficultés) nom masculin (latin latronem, accusatif de latro, -onis, voleur) Genre Dans l'usage courant, toujours au masculin, même pour désigner une femme : elle était le troisième larron de l'équipe (emploi rare). Remarque Les formes larronne et larronnesse sont inusitées, sauf par archaïsme volontaire, comme dans cet exemple tiré du roman « médiéval » de V. Hugo, Notre-Dame de Paris : « Une pendaison de larrons et larronnesses ». ● larron (expressions) nom masculin (latin latronem, accusatif de latro, -onis, voleur) Le bon larron, le mauvais larron, les deux malfaiteurs qui furent mis en croix avec Jésus-Christ. (Le premier, selon saint Luc [XXIII, 39-43], se convertit avant de mourir.) Le troisième larron, celui qui tire profit de la querelle de deux autres personnes. S'entendre comme larrons en foire, très bien s'entendre.

larron
n. m. Vx Brigand, voleur.
|| Le bon larron et le mauvais larron: les deux malfaiteurs qui, selon l'évangile, furent crucifiés en même temps que le Christ.
|| Loc. prov. Mod. Ils s'entendent comme larrons en foire: ils sont d'accord entre eux au détriment d'autrui.
Prov. L'occasion fait le larron.
|| Le troisième larron, celui qui profite du désaccord de deux autres personnes (les Voleurs et l'âne de La Fontaine).

⇒LARRON, subst. masc.
I. A. Vieilli. Voleur de grand chemin, brigand, pillard. On sait que les quatre Évangiles rapportent unanimement que Jésus fut crucifié entre deux larrons (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 816). Depuis les frontières de la Bretagne (...) des partisans tenaient la campagne, guetteurs de chemins, larrons, pillards, meurtriers, brigands (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 453) :
1. ... le brigandage est un danger avec lequel tout voyageur doit compter : aussi bien le marchand qui transporte ses marchandises que l'inoffensif pèlerin, menacé par des larrons qui ne se font pas scrupule de le détrousser...
FARAL, Vie temps et st Louis, 1942, p. 262.
[P. réf. aux deux malfaiteurs qui furent crucifiés avec Jésus Christ et dont l'un se repentit de ses crimes avant de mourir] Le bon, le mauvais larron. Rappelez-vous une pièce de Victor-Hugo, dans la Légende des siècles, où un sultan est sauvé parce qu'il a eu pitié d'un cochon; c'est toujours l'histoire du bon larron, béni parce qu'il s'est repenti (FLAUB., Corresp., 1871, p. 296). Le miracle du bon larron fut, non pas qu'il pensât à Dieu, mais qu'il reconnût Dieu dans son voisin (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 136).
B. — Littér. Celui qui prend furtivement le bien d'autrui, voleur. Un pieux larron lui déroba [à Pie VII] une épingle, relique qui devait ouvrir au ravisseur les portes du ciel (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 398). Après le miroir et le peigne, qu'avait pris le mystérieux larron? (, Aphrodite, 1896, p. 196). Il avait l'air non point du maître qui chemine dans sa propre demeure, mais du larron qui s'y introduit à la dérobée (DUHAMEL, Passion J. Pasquier, 1945, p. 187) :
2. Je suis détruit, je suis perdu, je suis ruiné! Au voleur! Au larron! Au larron! Prenez-le! Arrêtez tous ceux qui passent! Fermez les portes et les fenêtres.
CAMUS, Esprits, 1953, II, 7, p. 495.
Expressions
♦ [P. allus. à la fable de La Fontaine : Les Voleurs et l'Âne] Le troisième larron. Celui qui profite d'un litige entre deux parties pour en tirer avantage. Il devinait l'impuissance des légitimistes et des orléanistes, sans distinguer avec netteté quel serait le troisième larron qui viendrait voler la république (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p. 82) :
3. C'est [la comédie de Mélite] un ballet compliqué où nous voyons un prétendant, afin d'évincer son rival, lui montrer de fausses lettres de celle qu'il aime, qu'il prétend adressées à un troisième larron; ce qui ne peut manquer d'amener toutes sortes de catastrophes.
BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 76.
Proverbe L'occasion fait le larron.
Vieilli. Larron d'amour. Séducteur. Si le roi Charles II n'était point fait pour être larron d'amour (...) Nelly était encore trop jeune (DUMAS père, Laird de Dumbiky, 1844, V, 1, p. 119).
II. — Spécialement
A. — PONTS ET CH. ,,Petit canal pratiqué pour l'écoulement des eaux d'un bassin, d'un étang ou d'une pièce d'eau`` (JOSSIER 1881).
B. — TYPOGR. ,,Larrons. — Se dit des parcelles de papier ou d'un défaut dans la pâte à papier qui interceptent une partie de l'impression et pratiquent une fenêtre`` (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 195).
REM. Larronnesse, subst. fém., rare. Voleuse. Quatre ou cinq larronnesses qui se disputaient à la même table un enfant volé dans la soirée (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p 100). Je courus aux Champs-Élysées : d'abord parurent des canons, sur lesquels des harpies, des larronnesses, des filles de joie montées à califourchon, tenaient les propos les plus obscènes et faisaient les gestes les plus immondes (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 222). Il n'y avait pas d'injures qu'elle n'adressât alors à la Vougne, la traitant de brigande et de larronnesse (RICHEPIN, Miarka, 1883, p. 84).
Prononc. et Orth. : []. Vieilli [--] ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834 et GATTEL 1841, mais [-a-] ds LITTRÉ, DG et les dict. du XXe s. [--] < simplification de l'anc. [--] ayant provoqué un allongement compensatoire de la voyelle précédente (cf. G. STRAKA, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 25). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin Xe s. ladron, ladrun « voleur » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 163 et 223); 1130 larrun (Lois G. le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 4); d'où 1656 s'entendre ... comme larrons en foire (MOLIÈRE, Dépit amoureux, III, 8); 2. 1176-81 « celui qui dérobe en cachette » larron ipocrite (CHRÉTIEN DE TROYES, éd. M. Roques, 2739); 1660 larron d'honneur (MOLIÈRE, Sganarelle, 21); 3. 1605 [éd.] technol. « canal ou déversoir pratiqué pour l'écoulement des eaux » (O. DE SERRES, 768 ds LITTRÉ); 1611 larron d'eau « id. » (COTGR.); 4. 1690 typogr. (FUR.). Du lat. latronem acc. de latro, -nis « bandit, voleur ». L'a. fr. possédait en outre une forme de cas sujet lerre, ca 1140 fel e lere (G. GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 4898); cf. l'a prov. laire, lairon. Fréq. abs. littér. : 194.
DÉR. 1. Larronneau, subst. masc. ,,Petit larron, qui ne dérobe que des choses de peu de valeur`` (Ac.). Littér. (v. larron d'amour supra I. B). Je surveillais attentivement la morne et silencieuse ruelle; dans chaque cavalier qui la traversait, je pensais reconnaître un rival, un vil larronneau d'amour (MILOSZ, Amour. initiation, 1910, p. 191). []. Att. ds Ac. dep. 1694. Au plur. des larronneaux. 1res attest. 1487 « petit voleur » (Vocab. lat.-fr., Genève, Loys Garbin), 1524 (Le Pionnier de Seurdre, Bull. du Bibliophile 1896, 164 ds FEW t. 5, p. 201 b); de larron, suff. -eau; a éliminé la forme plus anc. larronceau « id. » 1155 (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 12506 : robëur u laruncel). 2. Larronner, verbe trans. Voler, dérober [Bois-Doré :] ... elle [la Morisque] aurait dérobé cet objet à notre hôte? C'est chose que je ne puis souffrir, qu'il [d'Alvimar] soit larronné en ma maison (SAND, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 191). Si la T. inconnue du journal était Thérèse Brunsvik, il ne s'ensuit pas qu'elle ait été, en cette année, la préoccupation amoureuse de Beethoven, et que ce fût elle que concernât la confidence, larronnée par l'indiscrète Fanny Giannatasio dans le journal de Beethoven (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p. 543). Emploi abs. Il s'imaginait qu'il serait ministre de la dette publique, et en attendant, pillait et larronnait, pour s'y entraîner (L. DAUDET, Sylla, 1922, p. 214). [], (il) larronne []. 1re attest. 2e moitié XIIIe s. [ms.] (La Contregengle ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, 261); de larron, dés. -er. 3. Larronnerie, subst. fém. Vol, pillage. Il eût voulu changer entièrement la distribution de la justice et que, lorsqu'il se découvrait quelque larronnerie grave, on pendît non point le voleur, mais le volé (NERVAL, Nouv. et fantais., 1855, p. 186). []. 1res attest. a) ca 1450 [1516 éd.] « repaire de voleurs » (MONSTRELET, Chron., III, p. 78 a ds GDF.) en m. fr. uniquement, b) début XVIe s. « acte de voleur » (FOSSETIER, Cron. Marg., ms. Brux. 10512, IX, III, 25, ibid.); de larron, suff. -erie.

larron [laʀɔ̃] n. m.
ÉTYM. XIe; ladron, v. 980; du lat. latronem, accusatif de latro « voleur ».
1 Vx. Brigand, voleur qui agresse ses victimes. || Lieu hanté (cit. 1) de larrons.
1 Que, sans peur du larron, trafique le marchand (…)
Mathurin Régnier, Satires, I.
Mod. (allus. bibl.). Chacun des deux brigands crucifiés en même temps que le Christ.Le bon larron (qui se repentit avant de mourir), le mauvais larron (→ Calvaire, cit. 3).
2 (XIIIe). Vx. Personne qui dérobe furtivement quelque chose. Voleur. || Attraper (cit. 14) un larron.
2 Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient;
L'un voulait le garder, l'autre le voulait vendre (…)
(…) Arrive un troisième larron
Qui saisit maître Aliboron.
La Fontaine, Fables, I, 13.
3 (…) dressez-lui-moi son procès, comme larron (…)
Molière, l'Avare, V, 3.
Fig. (vieilli ou littér.). Larron d'amour, larron d'honneur. Séducteur, suborneur.
4 Un trésor est chez moi. C'est l'honneur d'une fille (…)
(…) Or il faut que je sorte une heure, et moi qu'on nomme
Ruy Gomez de Silva, je ne puis l'essayer
Sans qu'un larron d'honneur se glisse à mon foyer !
Hugo, Hernani, I, 3.
Loc. prov. Mod. S'entendre comme larrons en foire, à merveille, comme des voleurs qui sont de connivence pour monter un coup.
5 Ils s'entendent tous deux comme larrons en foire.
Molière, le Dépit amoureux, III, 8.
6 — Qu'est-ce que vous avez donc toujours à comploter ensemble ? demanda-t-il. Ils répondirent par une plaisanterie. Ils s'entendaient tous trois, comme larrons en foire.
R. Rolland, Jean-Christophe, L'adolescent, p. 356.
Prov. L'occasion fait le larron : souvent les circonstances font faire des choses auxquelles on n'aurait jamais songé.
« Le troisième larron » : la personne qui profite du conflit des deux autres (par allusion à la fable de La Fontaine : les Voleurs et l'Âne).
REM. Le fém. larronnesse [laʀɔnɛs] est archaïque (Hugo l'emploie); en revanche larronne [laʀɔn] se dit et s'écrit : || « il faudra compter avec une troisième “larronne” : Perrine Pelen » (il s'agit d'une compétition de ski féminin, in F Magazine, févr. 1980, p. 56).
3 a (V. 1600). Techn. || Larron d'eau : canal ou déversoir pratiqué pour l'écoulement des eaux (d'une rivière, d'un étang…).
b (1690, Furetière). Typogr. Défaut d'un feuillet dont le pli n'a pas été rogné lors de la reliure du livre.Par ext. Défaut d'impression dû au pli accidentel d'une feuille mise sous presse.
DÉR. Larronneau, larronner.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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